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avait combattu en démons, cent contre mille, au sabre et à la baïonnette, et mitraillée homme par homme, alors que tout le monde se rendait, s’était fait exterminer sans crier merci.

Aux approches de la ville, les Allemands avaient établi des campements.

Un parc de chevaux encombrait le jardin d’une maison : tant bien que mal on avait entrelacé les arbres et formé au-dessus des animaux des abris de branchages. De grands feux de bois brûlaient ça et là, et devant ces feux des soldats fumaient la pipe. Un officier, suivi d’un homme qui portait une lanterne, faisait, comme nous passions, une ronde d’inspection parmi les chevaux. Ils avaient presque tous le garrot baissé et un grand bruit continu de mastication traînait dans l’air. La plupart n’avaient qu’un licol et piétinaient, attachés à des piquets. Il y en avait pourtant de sellés et de bridés, et ceux là étaient mieux harnachés que les autres. C’étaient, en effet, des chevaux d’officiers, les officiers allemands au camp ayant toujours une monture toute prête.

Près des chevaux les harnais, selles, traits,