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sants attardés ; dès le chien et loup ils se mettaient à rôder.

Ils avaient avec eux des chiens qui leur servaient tout à la fois à chercher les morts et à éviter les patrouilles. Quand elles arrivaient, ces maraudeurs de la mort se jetaient dans les sillons ou s’aplatissaient dans des trous. Les patrouilles passées, ils recommençaient leurs fouilles abominables.

Le matin on trouvait au bord des fosses des cadavres ayant de la terre aux cheveux, aux mains, dans la bouche, sur tout le corps et qui béaient à l’air, tout nus. Ces cadavres d’ailleurs étaient mutilés et il y en avait auxquels on avait coupé la tête avec des tranchets, des haches, des serpes ou des coutelas. La plupart du temps ils manquaient des dents, des ongles du pied et des ongles de la main. Il était facile de voir la manière dont les opérateurs s’y étaient pris pour les dents, selon que les morts avaient eu naturellement la bouche ouverte ou fermée : dans le premier cas, ils avaient enlevé les dents au moyen de tenailles, comme on arrache un clou d’une boiserie, en pesant sur le manche de haut en bas ; dans le second cas, pour aller plus