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était proportionnel au nombre des armes françaises que nous trouvions aussi sous nos pieds.

La vue d’une troupe de gens et d’animaux qui suivaient un petit chemin venant du village et aboutissant à la chaussée, nous arracha un instant à la pensée des choses dont ces lieux avaient dû être témoins.

Quelques hommes étaient à cheval, les autres cheminaient à pied ; ils marchaient en deux compagnies, régulièrement, du pas rhythmé des soldats.

Dans l’espace qui séparait les deux compagnies, des moutons, au nombre d’une trentaine, trottaient, bêlant. Derrière les moutons, un grand bœuf marchait gravement. Et par moments un paysan, qui avait plutôt l’air d’un vagabond aux mains des gendarmes, allongeait un coup de fouet dans le tas.

Ce convoi de réquisition passa et peu après disparut dans l’allée du lazaret que nous venions de quitter.

Nous longions alors un bois de taillis bordé d’une ceinture de haies. Ce bois, assez profond, se reliait au village et faisait partie d’un domaine privé. Les haies, brisées sur presque