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furieux coupait la pluie, dévastant les feuillages, renversant les vieux arbres. La veille de la Toussaint se leva sous un ciel noir, chargé de tristesse.

Les Baraque s’enfermèrent de bonne heure. Ils étaient remplis d’angoisses vagues, de noires terreurs auxquelles se mêlait la pensée de l’enfer ; et les souvenirs les assaillaient comme une meute.

La nuit venue, ils barricadèrent leur porte et se mirent près de leur feu, sans lampe, muets, regardant se dessiner la forme du cadavre dans le miroir de leur cerveau, avec une fidélité implacable. Et tous deux songeaient qu’il y avait un an, à pareille heure, Hein était venu, qu’il s’était assis à leur table, qu’il les avait nargués, que leurs mains s’étaient ouvertes d’elles-mêmes pour l’exterminer. Ils étaient dam-