Page:Lemonnier - Le Mort, 1882.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais elle le tira par le bras, le poussa vers le seuil, de toutes ses forces, et la porte cédant, il entra, un sourire mauvais sur la bouche. Elle marchait derrière lui, les yeux clairs, en riant et la main posée sur son épaule comme sur une proie.

La chambre était petite, fraîchement blanchie à la chaux, avec des taches grasses de pommade à hauteur d’appui, et aux rideaux étaient accrochés des nœuds roses, touffus comme des choux. Une fille de vingt-six ans causait avec un homme, dans le fond, et une autre, plus jeune, reprisait des bas près de la cheminée. Toutes deux étaient sanglées dans des corsets, et leurs cheveux noirs reluisaient, collés sur les deux côtés du front. L’homme buvait avec la fille une bouteille de vin. C’était un cabaret borgne, dont les tenanciers, de vieilles gens, vi-