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ments saccadés. La tourmente avait emporté les feuillages ; çà et là des tremblements de feuilles demeurées rares, ressemblaient à des vols d’oiseaux, et un arbre posait par places sur les perspectives violettes son ton de vieil acajou.

Ils travaillèrent tout un jour, de l’aube à la nuit, ne s’interrompant ni pour boire ni pour manger ; et à la fin le fossé se trouva fait. Ils avaient choisi leur emplacement près de l’écurie.

C’était un trou large, profond ; et les terres s’entassaient autour, à mi-hauteur d’homme. La nuit les enveloppa, enfoncés dans la fosse jusqu’à l’estomac, comme des terrassiers de cimetière. Puis ils jetèrent bas leurs bêches, s’assirent à la table où avait eu lieu l’étranglement et mangèrent des pommes de terre cuites sous la cendre. Ils ne parlaient pas, ne