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l’un allait marauder du bois dans les taillis, glaner des feuilles sèches pour leur lit, tandis que l’autre menait pâturer les verrats sur la route, le long des vergers.

Ils fermaient alors l’habitation à clef, ayant peur de l’idiot, et celui-ci demeurait dehors, tout le jour, jusqu’à leur retour, au soleil, à la neige, à la pluie, rongeant des croûtes de pain, des légumes, de vieux os ou se lamentant avec des vagissements de petit enfant.

Par les gros temps, Balt et Bast restaient à la maison, près d’un petit feu de brindilles, tressant des paniers avec des osiers pris dans la prairie, ou évidant au couteau des sabots, et lorsque les sabots et les paniers commençaient à former un petit tas, l’un ou l’autre allait les vendre dans les villages. Nol, lui, balayait la neige, s’il neigeait, la