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des jours d’hiver sans feu, du pain sec, et vaguement elle rêvait d’une vie régulière, bien assise, avec un petit train de maison. L’amour des hommes, du reste, ne la tourmentait plus beaucoup ; elle éprouvait une lassitude de se donner, et quelquefois se disait qu’elle aurait pu vivre sans mâle, à présent, dans un béguinage, comme les femmes à bon Dieu.

D’ailleurs, la ribaude vieillissait ; des rhumatismes raidissaient ses membres ; ses jambes, qui avaient couru les chemins et dansé aux kermesses, semblaient par moments comme enclouées et elle ressentait un énervement de vieilles débauches par tout le corps.

Balt était tombé au milieu de cette décrépitude comme une proie. Elle l’avait pris d’abord ainsi qu’elle avait pris les autres, par habitude