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de ficeler ses jarrets. Le porc, étendu de son long, continuait alors sa fanfare, en tordant son mufle, l’air ahuri. On les prenait par les pieds et on les chargeait sur la charrette. Le marchand offrit de payer au cabaret, en buvant un verre, et les Baraque ayant accepté, ils en burent un second et un troisième. Ils rentrèrent chez eux, contents du marchand et du marché.

L’année s’achevait avec profit ; il y avait comme un regain de prospérité dans la maison. Quelques jours auparavant, ils avaient vendu bon prix leur grain et leurs pommes de terre, et voici que le marchand leur achetait leurs porcs à beaux deniers comptants. Ils eurent vaguement l’idée que le mort avait cessé de leur garder rancune. Bast ressentit même au fond de lui comme une tendresse confuse pour