Page:Lemonnier - Le Bon Amour, 1900.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chose, Fréda. Nous croyons vivre et nous rêvons ; nous allons devant nous les yeux fermés vers des buts que nous ignorons. Et seulement notre vie en nous sait ce qu’elle veut et ne peut le dire. Vous m’êtes revenue comme du fond d’un rêve, ô céleste amie retrouvée ! Et je ne vous connaissais pas encore et cependant je vous ai reconnue. Tout cela en effet a bien l’air d’un songe.

Alors, comme si, après être restée longtemps obscure, elle sortait tout à coup d’un nuage et enfin se révélait à moi, elle me dit :

— Oui, c’est bien moi. Et pourtant, je ne suis plus l’ancienne Fréda qui vous était connue.

Sa voix me parut délicieuse comme l’éveil du matin, comme les premières rumeurs de la vie,