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Nous fûmes seuls un matin : c’était un jour charmant du milieu de l’automne. Les fleurs expiraient un arome éteint, comme le reste des puissants bouquets de l’été. Les dernières abeilles, d’un vol déjà blessé, avec des ailes plus belles, tournoyaient au soleil.

Fréda donc était venue, car je lui avais dit que j’allais moi-même aux jardins ; et nous restâmes là un peu de temps à regarder la douceur des choses, avec le gonflement de nos cœurs, sans nous parler. Mais bientôt je lui pris la main. Je sentais que des paroles devaient être dites, irréparables comme toutes celles qui sortent de l’âme aux heures graves de la vie. Et peut-être elle était descendue aussi aux jardins pour les entendre.

Maintenant une tendre et exal-