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holocauste aux agonies des malheureux. Et je pensai : Se peut-il que ce soit la même femme que j’ai connue autrefois ? Une grande douleur, une infiniment triste destinée seule a pu faire fleurir la splendeur de telles charités. Mes souffrances à moi ne sont rien à côté de celles qu’elle dut endurer. Et à présent tout limon terrestre s’en est allé, il ne reste plus en elle que la créature spirituelle, dans une beauté de vie accomplie.

Je levai un doigt vers l’arbre, je lui dis :

— Ô Fréda ! toutes les feuilles ne sont pas mortes. Il n’en est tombé qu’une et les autres sont vertes.

Elle ne regarda pas l’arbre, elle comprit le sens mystérieux de mes paroles.