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s’éveiller une autre âme visible et meilleure, revirginisée aux eaux lustrales de la douleur et de la charité.

Cependant je ne raisonnais plus mes sentiments. Je me laissais aller à l’entraînement des heures, au charme bienfaisant de la sentir vivre en moi comme une vie qui était encore la mienne. Je subissais je ne sais quelle intime évidence que nous n’étions pas les maîtres de nos vies, qu’elles finissent toujours par s’arranger d’elles-mêmes selon le plan de leur prédestination. J’étais sûr à présent que la mienne me mènerait vers le point auquel elle devait aboutir ; mais je ne m’entretenais pas de cela avec moi-même, comme si je m’étais avéré l’inutilité de toute participation