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qui fut la cause première de nos déchirements. Elle cessa de m’apparaître comme l’ombre blessée, comme le léger fantôme en deuil du passé : elle fut bien plutôt l’Esprit eucharistique qui m’apportait les baumes et m’ouvrait les portes de la résurrection.

Ma vie fut régie par la correspondance mystérieuse de nos âmes au sein de la souffrance ; et elles ne souffraient pas, elles ne semblaient plus se souvenir. Les lies de la douleur semblèrent s’être décantées pour ne laisser subsister qu’une essence très pure, la liqueur généreuse qu’aucun moût ne fermente plus et qui procure l’apaisement des certitudes.

Il me parut vraiment que nos âmes, dégagées de nous, s’étaient déportées dans les autres à travers