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se réaliser et je ne croyais pas qu’il y eût encore pour moi quelque chose de réalisable. Même la pensée qu’avec mes cinquante ans j’aurais pu recommencer la funeste aventure de l’amour me causait une gêne morale. Ma vie accomplie me laissait plutôt le sentiment que j’étais un vieillard plus âgé encore de cœur que d’années.

Peut-être ce ne fut là, en effet, que la trouble conséquence d’une mentalité déjà sénile. J’eus la rougeur intérieure de me sentir à moi-même un sujet de risée, comme un homme pris de vin qui s’apercevrait nu dans les miroirs. Et je ne pouvais m’empêcher aussi de penser que Fréda, sous l’argent léger de sa chevelure, n’était plus la même femme de qui s’était tourmenté mon cœur inquiet de jeune