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semblaient chercher là-bas la mer.

Nous nous quittâmes et à peine je lui avais encore parlé ; mais à quelques jours de là (c’était la veille même de mon départ), je la revis. Il y avait quelqu’un près de nous : je lui dis très bas :

— Je n’irai pas cette année à la mer, Fréda.

Elle porta ses mains à son cœur et ferma les yeux. Ce ne fut qu’une seconde, la brève éternité d’un grand bonheur, une action de grâces infinie ; et ensuite le sourire qu’elle avait aux lèvres s’effaça. Un froid passa aux airs, elle me dit en détournant la tête :

— Vous auriez bien tort : la mer a de plus grandes joies qu’ailleurs.

Je tressaillis, je crus à quelque reproche dissimulé. Le mot si inopinément renia ce qu’elle m’avait