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une des dames s’enquérait de la contrée vers laquelle me porteraient les vacances, je répondis avec une étrange légèreté que sans doute je m’en irais vivre un peu de temps à la mer.

Fréda était là. Elle m’entendit. Aussitôt un nuage voila ses yeux : elle ne put se reprendre tout de suite et d’une voix faible et altérée, comme si cette parole n’eût eu de sens que pour son cœur, elle dit :

— La mer aussi est un mystère triste !

Sans doute elle répondit ainsi à ses propres pensées ; elle eut l’air de s’être conformée à d’anciennes et personnelles douleurs.

Je fus étonné d’avoir exprimé une résolution que déjà j’avais écartée de mon esprit, à laquelle intérieurement j’avais renoncé.