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ainsi auprès d’elle sans parler et nos silences ne nous pesaient pas. Maintenant c’était autre chose : je cherchais des mots graves, assortis à la circonstance. J’aurais cru manquer à ma dignité si j’avais parlé inconsidérément. Et de son côté, elle sembla ne rien avoir à me dire : elle me quitta la première. En revenant par les rues, je songeai au passé avec douceur. Toute peine s’en était allée, toute amertume ; il ne subsista plus que les heures harmonieuses.

Un autre jour, je traversais le jardin, je m’assis sur le banc. Le tronc vaste d’un des châtaigniers me masquait : elle vint et se dirigea aussi vers le banc. Elle ne pouvait me voir. Mais je me levai comme pour lui abandonner la place.