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encore parler. Nos pâles visages frissonnaient d’affres bienheureuses.

Le monde d’abord se vengea. Il nous frappa dans ce qui nous était cher autant que notre vie. La directrice de l’Asile fit prier ma noble Fréda de renoncer à sa mission secourable et moi-même j’abandonnai mon service. Avec les ans cependant, il se fit un apaisement autour de nous. Nous nous étions mis au-dessus du mensonge social ; nous avions réparé en nous la triste erreur des lois ; nous avions écouté la nature et la vérité. Le monde finit toujours par subir l’ascendant moral des sentiments personnels : peut-être ne répugne-t-il à les encourager que parce que, étant la collectivité, il a résigné le droit de penser indivi-