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les fleurs qui étoilent les mystiques jardins des Béatitudes. Nous vivions dans des paysages enchantés qui naissaient de nous. Des fontaines y jaillissaient, claires et musicales, et n’étaient que l’effusion de nos deux existences si rapprochées que l’une paraissait se continuer dans l’autre, comme la stillation d’une eau est faite de gouttes qui ne cessent pas d’emplir la même vasque.

J’écoutais sa vie tranquille se prolonger dans la mienne : elle avait des battements légers auxquels se conformait mon rythme intérieur. Jamais Fréda n’avait été plus jeune, comme pour me fortifier dans la pensée que la seule jeunesse qui ne passe pas est celle qui réside aux sources pro-