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de la souffrance restait parfumée de son passage.

J’acquis ainsi une force étrange de patience et de résignation. Je me conformais au dessein de Fréda. La lumière de son âme tranquille me pénétra de nouveau : elle égalisa ma peine et me donna la constance dans le sacrifice. Je ne fis plus rien pour me retrouver auprès d’elle ; j’attendis que le même geste de sa main qui entre elle et moi avait fermé les barrières, les rouvrît ; et il me semblait que nous avions le temps devant nous qui n’étions pas même assurés de posséder la minute présente.

Ce fut un sens de la vie et de la durée que je n’avais pas connu dans mes jours antérieurs. Je ne vivais exactement, ni du jour présent, ni du lendemain, ni du