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le nom de l’amour. Eh bien ! il parut que ce fut cet amour même qui se dressait entre nous comme une barrière. En lui vouant un attachement infiniment respectueux et qui au fond était le rachat d’un orageux passé, je ne cessais pas d’être l’homme antérieur qui l’avait rendue malheureuse. Aucun lien nouveau ne pouvait empêcher que d’autres eussent été rompus, et nous restions séparés pour avoir été unis. Nos cœurs étaient comme des tronçons épars qui cherchent à se rejoindre et ne peuvent plus reconstituer le battement profond de la vie.

Je sentis que je perdais Fréda au moment où elle m’était rendue, où des deux rives nous tendions les bras l’un vers l’autre avec des visages clairs de charité et d’idéal.