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gorge mi-nue bat au corset, toute frêle, aux courbes encore indécises. Elle ne sent plus la petite gêne rose qui, pour l’entrée de quelqu’un dans sa chambre, autrefois la faisait se voiler très vite. Ses sœurs, les filles de service l’entourent et ne la troublent pas. C’est vaguement comme le sentiment qu’elle ne s’appartient plus, qu’un autre tout à l’heure pourra librement la regarder. Elle rit, elle voudrait pleurer, elle se sent un peu absente de tout ce monde qui s’agite, évanouie comme dans un rêve… Et l’heure est très douce ; une fièvre délicieuse l’électrise, elle tourne la bague à son doigt. Son regard ensuite étrangement une dernière fois se fixe sur ses épaules ; puis celles-ci se voilent et elle croit sentir le frôlement d’une moustache ; un bai-