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stationnait près de la marquise, avec son cocher en palatine, immobile sous le vol des flocons blancs, les rênes et le fouet dans ses gros gants fourrés. Les hautes fenêtres du rez-de-chaussée et de l’étage se découpaient en lumières d’or sur la façade sombre aux balcons ouatés, aux cariatides habillées d’hiver. Des silhouettes constamment se mouvaient sur la transparence claire des stores. Des corsages de femme, des ombres fines de jeunes filles, des épaules d’homme passaient avec des gestes de marionnettes, frêles et brusques. Toute la vie du vieil hôtel semblait s’être concentrée dans cette clarté égale, heureuse, tiède, versée par les lustres et les girandoles. Plus haut le second étage, tout noir, alignait dans la nuit sa