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comme l’époux qui, parfois, pressait à la dérobée les doigts de cette enfant novice, je me tenais assis près de Fréda. Alors aussi, comme ce jeune homme, je croyais voir s’ouvrir devant moi des seuils de bonheur ; et Fréda, dans tout l’éclat de sa beauté, grave, souriante, toute pâle, avait l’âge de la douce mariée.

Cette pensée ne me quitta plus. Elle devint pour moi la cause d’un si grand tourment que, profitant du tumulte qui s’accroît au moment où les époux quittent la table, je me glissai parmi les groupes et gagnai la rue.

Dans le soir du trottoir, sous la première neige de l’hiver, la marquise était restée, avec ses hampes lancéolées d’or, comme une tente de parade. Là, tout à l’heure, à