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l’hallali

— S’y y va, c’est qu’y a son idée, opina le maçon. Moi, je ne viens avec mes briques que quand c’est le moment de rebâtir. Et j’suis ben tranquille de ce côté-là. J’ai le temps d’attendre.

— Tu l’as dit, Piéfert est un malin, fit le tailleur, et qui pourrait bien nous mettre tous dedans. Je m’entends, ceux pour qui qu’y retourne quelque chose de par là-bas, ajoutait-il en avançant son vieux menton arrosé de jus de pipe dans la direction du château. Mais, motus ! faudrait pas qu’on nous entende.

Jaja, avec de petits cris, à présent était derrière eux qui défaisait son loqueton de jupe et en enveloppait Michel, pris d’un grand frisson et sanglotant à terre. Ses bas de jambe, maigres et secs comme des fumerons, lui sortaient à nu d’un jupon en lambeaux. Et elle le caressait, l’appelait doucement par son nom.

Le Vieux, dans la chapelle, attaquait à la hache les panneaux du carrosse qui à son tour avait pris feu. Jean-Norbert, le voyant faire, eut un cri comme si le fer à lui-même lui rompait l’échine.

— Non ! pas le carrosse, mon père !

Mais la hache s’abattit plus furieusement : toute sa rage de destruction semblait avoir repris le baron ; il s’acharnait au massacre de ce suprême vertige des pompes lointaines comme s’il eût