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Sybille, courbée sur son travail, tout à coup redressa sa taille de fille mûre et parla avec violence.

— Il y a quelqu’un à qui il faut vous en prendre, mon père.

Un silence pesa : Barbe, qui déjà faisait une nouvelle réussite, laissa tomber ses cartes ; il sembla que quelque chose restait à dire. Aucun nom, d’ailleurs, n’avait été prononcé. Jaja cependant, dans son petit cerveau animal, comprit que celui auquel tout le monde pensait était le grand-père.

Jean-Norbert, qui se chauffait le dos au feu de souches fusant dans la cheminée, grommela quelques mots. Comme il regardait Sybille, elle aussi le regarda. Il tressaillit, ayant cru voir passer dans son dur œil noir la chose trouble que par moments l’angoissait lui-même.

Ben sûr ! dit-il doucereusement en détournant les yeux, mais c’sera toujours la même histoire tant que…

Sa femme poussa un soupir et leva ses mains vers le ciel. Sybille déjà s’était remise à coudre. Mais Jaja, qui habillait d’un chiffon un tronçon de poupée, jeta soudain à terre l’informe objet et se mit à rire.

Grand-pè ! glapit-elle en désignant la porte.

Les autres suivaient le geste de sa main.