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l’hallali

métier de toucher les cœurs avec des mots. Oui, les nids, les petits, la couvée, ça m’a remué. Et je me dis que peut-être mieux vaudrait que le bûcheron vienne et me jette la cognée.

— Pas avant d’avoir fait la paix avec votre fils, toutefois, répondit en riant M. Custenoble. Jean-Norbert a gardé pour vous la soumission et le respect de la petite enfance. Prenez en considération son incessant effort pour sauver ce qui reste à sauver de Pont-à-Leu. Je connais son âme triste comme toutes celles sur lesquelles pèse un long passé. Jean-Norbert est celui qui vient à l’heure où la table du festin s’est vidée de ses convives et qui, avec les miettes tombées à terre, tâche de nourrir les siens. Et ce n’est pas tout : il porte humblement, l’épaule courbée, un grand nom lourd, avec l’espoir que la fortune un jour reviendra à ces Quevauquant dont il est sorti, et à ceux-là, leur refera l’épaule haute. Ah ! monsieur, croyez-moi, c’est là encore de la grandeur. Voyons, un bon mouvement : allez à lui et prenez-le dans vos bras.

— Hein ! Quoi ! interrompit avec orgueil le baron, vous avez sûrement perdu la tête, mon bonhomme. Que j’aille à mon fils, que j’aie l’air de m’accuser de je ne sais quel tort, que je lui fasse des avances, moi, Gaspar, baron de Quevauquant ! Ah çà ! pour qui me prends-tu ?