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l’hallali

harcelé d’un besoin impérieux de dévaster l’héritage.

Là-bas, rencontrant son fils aux acculs du bois :

— Garçon, j’en ai assez de cette vie de gueux, lui avait-il dit. S’il faut finir, je veux finir du moins en Quevauquant. J’ai donc décidé de vendre la chênaie. Fais venir le tabellion.

Jean-Norbert, d’un esprit de paysan rusé et têtu, sous le coup s’était courbé sans répondre. Les dents serrées sur la révolte intérieure, il avait traîné par la campagne une peine farouche et entêtée. Ce n’est qu’en rentrant à la nuit qu’il avait dit à Barbe :

— V’là ce qui m’arrive, not’femme. Môssieu veut vendre le bois. Y m’a demandé de quérir le tabellion. Mais j’suis le maître autant que lui, ah mais ! J’irai point, j’ferai le mort.

Tout le jour suivant, il s’était tenu caché dans le grenier à fourrages, n’osant se montrer, de peur de tomber sous la main du baron. Mais, entre chien et loup, vaincu par la faim, comme il descendait se tailler un chanteau de pain à la cuisine le Vieux, de ses yeux perçants, l’aperçut qui se coulait par la cour.

— Hé là ! vaurien, as-tu la réponse du tabellion ?