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l’hallali

à ses râles, sa fressure sanglante jetée à la voracité des grands limiers. Des idées se nouèrent, il se vit lui-même le vieux cerf dépecé et jeté en pâture à la meute.

Chez ce rustre, alors, pantela la vieille âme enragée de la race. Ah bien ! on les recevrait à coups de fourche, comme des putois, le jour où ils viendraient présenter leur papier ! Et plutôt que de leur faire place, on bouterait le feu aux planchers, la maison des Quevauquant tourbillonnerait en flammes par les airs !

Les vêtements déchirés et boueux, nu-tête, ayant perdu son bonnet sur la route, il tomba comme un hibou dans la veillée inquiète des siens. On l’attendait depuis une grande heure autour de la table. Ils furent effrayés de son visage terreux et hébété. Barbe se lamentait.

— Mon bon homme, qu’est-ce qui t’arrive ? C’est-y que Monsieur t’aurait fait de la peine encore une fois ? Dis voir.

Il demeurait échoué en travers de l’âtre comme un quartier de bœuf tombé du pendoir. Il grondait, soupirait, soufflait, la balèvre pendante. Il avait repoussé violemment son écuelle de potage, dégoûté de la nourriture.

— Ce qui m’arrive, que tu dis ? Ben, sang-Dieu ! j’vas te le dire à toi, not’ femme, et à toi aussi, not’ fille. J’ai vu m’sieu Lechat. Môssieu