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LXXII’HALLALI

Elle aussi riait.

— C’est tout réfléchi. Et là-dessus, bien le bonjour. Je suis à un quart d’heure de chez nous. Pas la peine de revenir sur mes pas. Vous aurez bien l’obligeance de faire ramener Michel avec la voiture, pas ?… Ah ! tenez, dites-donc. Il est très gentil, votre fusil, mais c’est fini, le goût m’en est passé ; je n’en veux plus.

Et elle le jeta devant lui.

Alors, sous l’outrage, une fureur s’empara du petit Lechat. Il perdit tout sentiment des distances, n’eut plus que la congestion de son or et, tendant le poing vers Pont-à-Leu, dans la distance :

— Ah ! c’est comme ça ? Eh bien, mamzelle la baronne, on verra, on verra.

Sybille d’abord marcha précipitamment ; elle allait droit devant elle, toute tendue, le pas brusque et saccadé. Elle longea les marais, fit lever la nuée des étourneaux hors des roseaux et toute sa petite griserie était tombée : elle ne pensait plus à la chasse ni au fusil.

Par-dessus le pays plat, une rougeur de couchant s’allongea oblique, ricochant sur les trous verts de l’eau et allumant les grands chênes du bois. Elle pénétra dans le taillis. Au bord du sentier, des fumerons achevaient de se consumer ; c’était le petit feu qu’avait allumé Jaja. L’arbre