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partait ; toute sa vie au dedans d’elle une seconde en était ébranlée. Les dents serrées, une lumière sèche sous la paupière haute, elle s’en voulait de manquer de sang-froid. Elle tua encore une poule d’eau et tira au jugé deux coups dans une volée de sansonnets qu’on voyait tomber en petites touffes de plumes.

Firmin Lechat, dressé à bonne école, avait un sentiment du noble jeu de la chasse qui s’offensait de cette tuerie médiocre. Après tout, elle se comportait là en vraie mazette ; mais il dissimula, calculé, au guet de l’occasion qui lui eût permis d’avancer ses affaires. Il rappela Clabaud, qui, la queue ballante, chassait pour son compte dans la chênaie. C’était un arrière-petit-fils de Clabaud Ier qui avait illustré le chenil des Quevauquant. Pierre dans le taillis arrivait regarder aux coups de feu. Jaja tout près soufflait sur le crépitement d’un petit feu de bois où ils avaient mis cuire une nichée de ramiers. Ils jouaient maintenant ménage à deux, comme de vrais amants.

— Attendez seulement quinze jours encore, mamzelle Sybille, et ce sera le passage, fit Lechat. Ce qu’il y en a de bécassines, alors ! Avec une demoiselle comme vous, ce sera plaisir. J’ai un striver pour le gibier d’eau, vous verrez. Allez, oui, que vous prendrez du plaisir !