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LXIV’HALLALI

Jean-Norbert, là-dessus, congestionné, à court de mots, se prenait le ventre avec les deux mains et descendait se soulager dans les latrines, criant au dedans de lui :

— Sale Vieux ! sale Vieux !

Il tourna ensuite par la maison, oubliant la cueillette des pommes. Ni Barbe, ni Sybille n’étaient là. Firmin Lechat, un peu après midi, avait envoyé son domestique avec le poney-chaise et elles étaient parties, emmenant cette fois Michel. Quant à Jaja, on ne savait jamais où elle passait ses journées. Il s’arrêta devant les portraits de l’escalier, ôta son bonnet, repartit, faisant des gestes dans le vide. Une sueur froide mouillait sa chemise ; ses genoux sonnèrent durement sur le plancher ; il pria avec fureur. La grande maison, dans son silence d’après-midi, semblait morte. Qu’une chose arrivât, jamais on ne saurait qui l’avait faite, et après tout, ça devait finir comme ça. De nouveau il se mettait à tourner, frappant sa poitrine à grands coups et marmottant :

— Ne nous laissez pas tomber en tentation, Seigneur !

Mais l’obsession était la plus forte : il voyait exactement la chose comme si déjà elle eût été faite. Il se rendait compte du temps qu’il faudrait, de la place, du bruit. Jamais il n’avait eu les