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séjour à la ville dans un des grands magasins et qui la coiffait en chien fou.

— Excusez ! Cette Guilleminette n’en finissait pas de me faire mes boutons ! Mais je vois bien, c’est bien ma fille Sybille qui est là, sans même un chapeau ! De mon temps, une jeune fille cachait ses cheveux devant le monde ; c’était bien plus convenable. Mais voilà, aujourd’hui chacun en fait à sa mode. Qu’est-ce que va penser ce m’sieu Lechat de ces façons-là ?

— Moi, mame la baronne ? Je pense que, quand je m’en vais pour un cheval au marché, je l’achète sans son harnais.

Il se reprit, voyant qu’il avait été un peu loin.

— Sauf vot’ respect, mamzelle Sybille.

Elle s’impatientait.

— Voyons, passez-moi les rênes, c’est moi qui conduis.

Aussitôt Barbe poussa des cris. Lechat lui-même la regardait, surpris, avec un peu d’ironie.

— C’est que, des bêtes comme celles-là…

— Est-ce vous à présent qui auriez peur, monsieur Lechat ?

— Tenez-les bien en mains, au moins.

Barbe, accrochée des deux poings aux coussins, se sentit soudain, d’un recul des petits chevaux cabrés, rejetée au fond de la voiture si vio-