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l’hallali

midi sous elle criblait le marais, tout bouillant de vie.

— Ah ! Michel, sûrement, si t’étais pas là, j’ôterais ma chemise. J’sais pas pourquoi, mais ce serait bon. On sentirait mieux les herbes, que c’est doux, que c’est comme des cheveux. Tiens, Michel, j’les prends comme ça et j’en fais une tresse comme ça.

À poignées, comme elle le disait, elle attirait les lianes, les enlaçait toutes gouttelantes à ses tempes ; et les bras en l’air, dans la chaleur vermeille, elle ressemblait à une petite nymphe des âges. Michel, peureux, regardait monter l’eau à ses jambes sans se risquer à la suivre. Bientôt, elle en eut jusque par delà la ceinture et elle riait plus fort, avec la petite secousse du froid montant. Mais voilà que tout d’une fois elle se sentait prise par les pieds comme si quelqu’un là-dessous les lui tenait dans la main. Elle tira de toute sa force pour se délivrer, mais dans son effort la vase se creusa et elle ne criait pas tout de suite, bien que l’eau fût à sa gorge. Ce fut Michel qui soudain se mit à appeler au secours en courant sur la berge. Mais on était à un quart d’heure du logis et personne ne passait dans la lande.

Cependant Jaja luttait ; elle put défaire un