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l’hallali

toujours le sujet de débats pénibles. Cette fois encore, Barbe avait dû dire le grand mot :

— Mais, mon bon homme, pense donc que notre Sybille va sur ses trente ans. Passé cet âge-là, une demoiselle est quasi plus mariable. Alors il est temps de se presser. Une jolie robe, ça fait venir le mari. Un joli petit mari riche, pense à cela, notre homme. Serais-tu point heureux si on te l’amenait ?

— Ben ! Je ne dis pas, mais tout de même, d’année en année ça fait des sommes.

Elles se trouvèrent prêtes, en toilettes très simples pour la route, robes de mérinos et paletots ouatés, gants de laine noire aux mains. Barbe, dans un réticule qu’elle avait porté jeune fille, avait fourré son mouchoir, son chapelet, son livre d’heures, une boîte à pastilles, des ciseaux, un dé à coudre et son éternel jeu de cartes pour ses réussites. Tandis que Jumasse passait sa casaque, elle fit demander par Jaja à Monsieur s’il consentait à les recevoir. Il répondit qu’il les attendrait dans le hall, au bas de l’escalier des portraits. Elles le virent, en effet, qui marchait en long et en large, lorgnant quelque fois d’un regard de côté ses ancêtres dans leurs vieux cadres vermoulus.

— On va donc voir les petits parents de province ? dit-il aussitôt. Bien du plaisir. Ça doit