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l’hallali

— Si c’est ainsi, boute-moi au moins les fagots pour l’intérêt.

Pourignau était un colosse doux mais têtu : il s’arrangea si bien que le paysan finit par les lui abandonner.

Dans l’après-midi du lendemain, comme Jean-Norbert s’en était allé dans un des villages d’au-dessus faire marché pour son avoine, un homme arriva avec sa charrette : c’était Biatour, le marchand de bois, envoyé par le boucher pour charger les falourdes. Jumasse était aux champs ; il rôda un peu de temps dans la cour sans trouver personne. Comme il avait pris son fils avec lui, celui-ci, de son côté, tournait autour des bâtiments à la recherche d’un visage. Le gars avait dix-neuf ans, brun, l’air hardi et rusé, bien découplé. Il entra à l’écurie, fit le tour de l’ancienne métairie et heurta à la vitre de la cuisine. Mais on touchait aux derniers jours de mai et, comme à toutes les fins de mois, Barbe et sa fille étaient parties se confesser et communier au village. Jean-Norbert lui-même les avait emmenées dans sa carriole et descendues à la porte de la cure. M. Custenoble, ce jour-là, presque toujours les retenait à dîner, ou bien elles acceptaient de manger un quartier de tarte chez la bonne vieille Mme  Douchamps, la mère du maître d’école.

Il se fit ainsi que le fils du marchand de bois