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l’hallali

C’est rapport à m’sieu le baron, votre papa, qui m’a dit comme ça que ça vous regardait. J’étais point pressé, là, point pressé du tout, mais tout de même, c’est de l’argent qu’on ne serait point fâché de revoir. Alors j’ai fait mettre le compte sur papier par mon aîné. Vaut mieux noir sur blanc, pas vrai ?

Jean-Norbert, sans en entendre davantage, entra dans une violente colère.

— De l’argent ! Et pourquoi faire, de l’argent ? J’veux rien connaître de vos affaires avec Môssieu. Si c’est qu’y vous a emprunté, c’est à lui à vous l’remettre, et si c’est autre chose, ça ne regarde encore que lui. Moi, je m’vide le sang et les eaux à tirer de cette carogne de terre ce que je peux. C’est-y point assez, sans cor’ m’mêler des affaires des autres ?

Pourignau, très calme, avait tiré de sa poche le papier et frappant dessus :

— J’sais point lire, mais toi qu’as de l’instruction, Jean-Norbert, t’as qu’à chausser tes besicles et tu verras. Tout est marqué, les jours, le mois, l’année et l’argent : c’est clair comme le soleil. Par ensuite, tu feras l’addition, c’est pas moi qui t’ferais tort d’un centime.

Le paysan serra les poings.

— Je ne sais rien de ça, que je te dis, l’homme ! Y a-t-il seulement un liard que j’te dois ? J’veux