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l’hallali

l’écurie. C’était l’heure de la botte de foin pour Bayard : Jumasse, sans doute, lui faisait sa litière Il songea qu’il y avait quatre jours qu’il n’avait vu son vieux camarade et une petite chaleur lui passa au cœur. Bayard toujours reconnaissait son pas et s’ébrouait sitôt qu’il l’entendait venir.

Cette fois le baron dut l’appeler, mais le cheval ne répondit pas. D’un grand pas, il fut dans l’écurie.

La lanterne était accrochée au mur et par ses verres encrassés projetait un rougeoiement fumeux dans les pénombres où, à plat, couché sur le flanc, les jambes secouées d’un frisson, Bayard expirait. Debout, près de lui, Jean-Norbert scrutait les progrès de l’agonie tandis que Jumasse, sur la pierre de l’auge, repassait un couteau.

Monsieur, devant la mort toute proche, n’eut qu’un mot :

— Fini !

Jean-Norbert souleva son bonnet et répondit :

— Ça l’a pris ce matin. Depuis hier y mangeait pus. Nous v’là bien.

La tête lourde essaya de se redresser et retomba.

— Courage, mon vieux ! je serai près de toi quand tu passeras, dit le baron.

Et montrant la porte aux deux hommes :