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l’hallali

— Ah ben ! ah ben ! m’sieu le baron, c’est pas à faire avec un pauvre diable ed’marchand comme moi… J’vous demande-t-y, moi, de me diminuer seulement d’un rond ?

Sybille, de sa longue écriture appliquée d’ancienne pensionnaire, finissait d’écrire. Elle lut : « Reçu de Martin François, marchand, la somme de 450 francs pour livraison de dix porcs. Signé : Pour mon père, baron de Quevauquant : Sybille-Marthe-Clotilde de Quevauquant. »

Martin, alors, sûr d’avoir fait une bonne affaire, se dégonflait dans un gros rire.

— Mamzelle la baronne, si l’cœur vous en dit, on mettra peter à la poêle des boudins à c’Noël… Martin François, pour vous servir, du village d’au-dessus. Pas besoin que mon nom soit sur la porte : y en a pas comme moi pour être connu.

Sybille gardait son air hautain comme devant un vassal.

— C’est bien. Allez, Martin.

Le marchand, point intimidé, poussait le coude à Jean-Norbert et y allait de son petit compliment :

— Qué belles manières ! Qué belle personne ! Sûrement, baron, ça vous fait honneur !

Le paysan ne l’écoutait plus, relancé par la peur de l’argent étalé sur la table. Précipitam-