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faveur dans l’entourage de Louis-Philippe, qui arrivait au pouvoir avec une clientèle toute prête. Le directeur des Musées, M. de Cailleux, paraît avoir été fort peu disposé pour lui ; des deux parts il y eut une espèce de défiance et de mauvaise humeur.

Dans la lutte qui se poursuivait entre les classiques et les novateurs, Gros était le point de mire des deux partis. Déjà, en 1827, le Figaro écrivait : « On a tort d’attribuer à Delacroix seulement la chute de l’École ou de le considérer comme chef d’École ; il vient après Prudhon, Géricault et Gros ». Or, l’artiste ne voulait à aucun prix être donné comme le chef de l’École qui était révolutionnaire à ses yeux. En 1833, et comme par réaction, il exposait l’Amour piqué par une abeille[1], sujet emprunté à la célèbre pièce d’Anacréon, dont la délicatesse, raffinée jusqu’à la mièvrerie, convenait aussi peu que possible à son talent puissant et plutôt brutal. En 1834, il répondait à M. de Cailleux, qui lui avait proposé de peindre la bataille d’Iéna : « Je ressens la nécessité de me reposer par des sujets plus analogues à l’étude de l’art. » Son attitude, ses déclarations lui valaient toutes sortes d’attaques, de sarcasmes, qui irritaient jusqu’à l’affoler cette âme d’artiste très sensible. À cela peut-être se joignait le sentiment obscur de son impuissance à produire. « Je suis fini », répétait-il parfois.

Or, en 1833, dans une brochure de Laviron et Gal-

  1. Musée de Toulouse.