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cuta point. On ne peut penser que sa gloire y ait rien perdu, si l’on en juge par l’énorme et massif Saint Germain montant au ciel, qu’il peignit en 1824 et qui est aujourd’hui relégué dans la chapelle du Grand Trianon, d’où il serait imprudent de le faire sortir. Personne n’avait l’âme moins mystique que Gros, ni moins rêveuse.

Son grand effort, de 1814 à 1824, fut la décoration de la Coupole. La chute de l’Empire n’avait pas arrêté les travaux, mais en avait modifié très profondément le sens et la signification. Tout d’abord, reprenant et précisant la pensée de Napoléon, le 1er juillet 1816, on enleva l’inscription de l’entablement du portail : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante », qui avait été composée, en 1793, par Quatremère de Quincy, alors républicain, et on rétablit l’ancien texte : D. O. M. sub invocatione Sanctæ Genovefæ. Puis, il fallut naturellement faire disparaître Napoléon (il est vrai que lui-même avait fait disparaître Henri IV ou Louis XIV, supprimant d’un coup tous les Bourbons). Gros se prêta facilement, trop facilement, à ces modifications. Il proposa — au choix — Louis XVI ou Louis XVIII. Dans une lettre, assez fâcheuse pour son caractère, il parlait de « Sa Majesté (Louis XVIII) ramenée par la Providence, comme le légitime réparateur des vicissitudes passagères de la France ».

Les peintures de la coupole ne furent terminées qu’en 1824 ; Charles X, qui venait de succéder à Louis XVIII, les visita avant qu’elles fussent découvertes au public et s’en montra satisfait. Il « honora » Gros du titre de baron,