Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

combinaison est très visible dans le médecin arabe, à droite, qui panse un pestiféré affaissé auprès de lui : houppelande verte, écharpe jaune, turban bleu, manches rouges ; elle se répète, mais plus éteinte, dans un personnage de gauche, équilibre de tons qui est d’un coloriste. Bonaparte est vêtu d’un uniforme gros bleu avec culotte blanche, une plume rouge à son chapeau, et le rouge apparaît tout à l’arrière-plan et amorti dans le drapeau tricolore qui surmonte le fort de Jaffa, complétant ainsi une harmonie très vibrante et très douce à la fois.

Dans la Bataille d’Eylau, le fond de la tonalité est le blanc gris du champ de bataille neigeux qui, par un artifice ingénieux, est ramené sur le devant de la toile par une traînée de neige, coupant en deux le long groupe du premier plan. Le blanc reparaît, plus éclatant, dans le plumet de la toque de Murat, qui s’enlève vivement sur le fond, et dans quelques autres blancs plus discrets. Mais on voit aussi reparaître les verts et les rouges habituels, avec des combinaisons fort habiles et pittoresques, dans l’uniforme de Murat par exemple. Le costume de Napoléon, presque tout entier en soie blanche, se rattache à la tonalité générale du tableau, dont il complète la gamme, et il adoucit la couleur un peu vive du cheval bai clair. Des rouges très délicats se disséminent de gauche à droite sur les chapeaux ou les toques et vont se perdre dans quelques rouges rosés des costumes des deux sentinelles à cheval, placées au second plan et traitées — suivant l’habitude de Gros — en esquisse à peine indiquée.