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des Œuvres inutiles ou nuisibles : « Vere, ma mye, ne sont en ma paouvre cervelle que hannetons volants, fleurettes primeverdières et folles avènes. Ce qui est grand’pitié pour yceux qui moyennant force patards, laborèrent es-Academyes, le gésier tout aorné, paulmé d’or et enchiargé de mesdailles, avec un chief vilainement cathareux, branlant et besicleux.

« Et ainsi vais-je, dolent ou joyeux, ma mie, ne portant comme le sage Byas que bras ballants et en mon escarcelle qu’une penne d’aronde pour te pourtraicturer par les chemins. Et cela doucettement, en grand paour des gens d’armes et des grands Baillifs lesquels n’aiment moult les affranchis faisant mestier de folie » (Félicien Rops, en son livre pour les bonnes commères).

Rops eut la passion de l’écriture : il l’aima sous toutes ses formes. Nul parmi les peintres et même les écrivains de son temps, n’égala sa constance et ses activités d’épistolier : il s’y révéla l’esprit le plus alerte, le plus piquant et le plus joliment artificiel qu’on puisse concevoir. Ce créateur de farces et de drames, cet inépuisable inventeur de sensations, cet imaginatif qui s’amusait d’apparaître même à ses amis un personnage compliqué et déroutant, s’était fait à son usage personnel une psychie et une mentalité que l’originalité du langage rendait plus pittoresques encore. Presque toute sa correspondance atteste une verve comparable à celle qu’il dépensa dans ses crayons : il y demeure l’illustrateur à la plume d’une infinie et joyeuse comédie qu’il se joue à lui-même.

Visiblement le grand rieur de ces « lettres à tout le monde » y garde le son du rire qui fut celui de ses satires et de ses parodies, et ce rire est aussi celui d’Uylenspiegel, tel que Charles De Coster le riait à travers son livre. Surtout dans sa correspondance avec les hommes, sa jovialité se fait croustillante, salace, condimentée d’épices à l’emporte-pièce. Il en naissait l’impression d’une sorte de compagnon de la Bonne trogne, ami des frairies et des gogailles, franc