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porte ! » dit le Ministre. Le chasseur, un député de l’époque sans doute et par surcroît rapporteur sur les droits de la presse, réplique : « On me fait faire un métier de chien. » Quelquefois la farce est plus salée, comme en cette Réponse à une question de cabinet : Une voix de l’intérieur : « Il y a quelqu’un ». — M. H. Brouckere : « Peste ! » La scène se passe à la porte d’un lieu secret sur lequel se lit le numéro 100. Et cela continue : Un homme de marque, Réouverture de la Chambre, etc.

Ces farces l’amusent : en 1859, l’Office de publicité, à Bruxelles, publie douze de ses dessins sous ce titre : La politique pour rire. Il suffit pour que le genre soit créé : quand plus tard l’Uylenspiegel aura pris pour étiquette l’Espiègle. Eugène Verdyen à son tour, avec âpreté, fera de saisissants crayons. Guillaume, de son côté, dans le Grelot de Gaillard, fouaillera, d’une verve souvent heureuse, les rois et les curés.

Quelques pierres admirables dominent tout, la Peine de mort, l’Ordre règne à Varsovie, la grande Médaille de Sainte-Hélène, la Dernière incarnation de Vautrin. Celle-ci, à coup sûr, est l’un des chefs-d’œuvre de la caricature politique du siècle. Les jambes arquées, dans les bottes et la culotte de peau du Badingue, Proudhon, court, écaché et gras, d’étonnante vulgarité plébéienne, la main au revers de l’uniforme, avec le geste du grand Napoléon, double de son masque camus, poupin et blafard, chevauché de lourdes bésicles noires, le facies impérial que trahissent les moustaches effilées à la sous-off pointant de dessous la bouffissure glabre des joues et l’éventail de la barbiche.

L’écrivain, en un de ces coups de boutoir auxquels se plaisait son humeur frondeuse, avait écrit, dans un journal bruxellois, un article où, s’adressant à l’empereur, il disait : « Osez, Sire, et le Rhin, le Luxembourg, la Belgique, toute cette France teutonique, ancien patrimoine de Charlemagne,