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immatérielle, s’imposait comme le parfait génie de la féminéité moderne.

Il était curieux, au surplus, d’entendre ce wallon-flamand, à qui parfois les Parisiens reprochaient ses musculatures trop saillantes sous des peaux trop remplies, dénoncer la suprématie latine de la gorge, cette fleur vive de la beauté féminine, sur le Nord. « Regarde bien, me disait-il : chez la Parisienne, le sein est haut, petit, près des aisselles, comme désanimalisé par cette loi de la vie supérieure qui fait remonter la race affinée vers les centres cérébraux. Chez elle, presque pas de ventre ni de jambes, tandis que chez la femme du Nord et notamment chez nous, en Belgique, où le ventre et les jambes sont volumineux selon la vieille tradition de Rubens, le sein est bas, pesant et gros, avec des aréoles trop charnues. » Il dissertait pareillement sur le dessin des hanches, le volume du bassin et la qualité des attaches, qu’il ne jugeait parfaits que chez la femme de Paris. Il partait de là pour discourir de la toilette, chapeaux, coiffures, robes et dessous avec l’art consommé d’un Paquin, d’un Doucet et d’un Worth. C’était, après tout, son art à lui-même qu’il détaillait ainsi, jugeant que la femme est aussi bien dans le pli d’une jupe et le choix d’une nuance que dans le rythme de son anatomie générale. Des dames du monde le consultaient comme un maître des élégances : il était avec elles réservé, charmant, d’une grâce galante et spirituelle.