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Dans cette contrée de bois et d’eaux où, chaque année, la petite bande arrivait se retremper au lait de la nature, on vivait d’une vie de travail à la fois et de flânes voluptueuses, de baignades à la rivière, de joyeux dîners et de farces copieuses dont les intrus, les gêneurs et les bourgeois circonvoisinant faisaient régulièrement les frais. Victor Fontaine, adroit peintre de notes grises, avec son nez futé, ses yeux frétillants et son air éveillé d’écureuil, était le rire et l’esprit des parties où il s’agissait de jouer un bon tour aux philistins. Tous d’ailleurs, Heurteloup au rire nerveux et sec, Pantazis barbu comme un brigand des Abruzzes, Lambrichs à qui ses côtelettes donnaient un air englishman, Hagemans qui alors débutait, étaient de joyeux drilles aimant les gogues et la facétie, narines moussantes et bon œil, bon estomac, bon jarret. Après les heures du jour à s’égailler vers les plateaux ou les fonds, chacun à son effet, on se retrouvait à la tablée des soirs, dans la bonne hôtellerie cordiale où ensuite, jusqu’au coucher, on fumait des pipes et on vidait de la bière blonde en devisant d’art ou contant des galéjades.