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coup elle s’aperçut qu’il lui manquait, habituée à sa présence. Deux soirs s’écoulèrent encore ; alors une tristesse noire la rongea ; elle lui eût cédé sur l’heure ; et comme elle se rendait chez lui, ils se rencontrèrent, lui venant chez elle. Mais tout de suite son cœur s’enforcit ; elle regretta de ne pas l’avoir attendu plus longtemps.

Puis, à quelque temps de là, vers la mi-juillet, le tenancier d’une grande cense, riche, vieux garçon goguelu, passa, en peine d’aoûterons pour la moisson. Il offrait un gros salaire, qu’elle refusa, moins cette fois à cause de Martin qu’à cause de Dor ; mais il haussa le prix, gagné par une concupiscence, l’œil attaché à ses formes puissantes ; et dans les villages, le penard passait pour un enragé détrousseur de cotillons. Le gain exagéré la flatta dans sa bravoure de mercenaire ; toutefois elle aurait voulu obtenir l’acquiescement de la Grosse-Tiesse ; et constamment il la pressait, avec l’idée de l’employer dans l’alcôve pour le surplus de son argent.