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dégorgèrent, que le tourmenteur engloutissait. Des affres mortelles le mouillaient ; il sentit réellement l’agonie ; et dans ses épreintes pour se vider de ses entrailles, brusquement il s’éveilla.

L’horrible songe ne s’en alla pas tout à fait : il en garda comme la perception d’un cri de souffrance monté de la terre jusqu’à lui. Et pour la soulager, un matin il rasa ses deux pommiers, l’un après l’autre, les punissant en même temps d’attirer les oiseaux. Alors, cette fraîcheur des feuillages en moins, le champ apparut plus morne encore, devant la maison toute nue, sans ombre.

Mais il fut tourmenté bientôt par un autre ennui : une nuit les briquetiers lui emportèrent cinquante cabus magnifiques, d’une rafle ; et les nuits suivantes, pendant deux semaines, il veilla, rôdant jusqu’au petit jour, dans la fétidité de la terre. De temps en temps, il imitait l’aboiement d’un gros chien pour faire croire à la présence d’un gardien. Et comme la quinzième nuit,