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nant le fonds les payait au centuple de leurs fatigues immenses ; une genèse recommençait sans répit, dans les ferments du sous-sol en décomposition ; et ils prodiguaient les semailles, fatiguant la bénévole ouvrière à une production forcenée.

Cependant, sous les floraisons, le courtil gardait son air morne de charnier : aucune gaîté n’y chantait ; les oiseaux en étaient bannis ; et putride, tout gonflé d’haleines monstrueuses, il ressemblait à une lande morte, dans un grand silence.

Les carnages s’y continuaient d’ailleurs : toute aile qui passait était persillée par le plomb ; des poules en grande quantité disparaissaient des environs, qui s’en vinrent périr là ; et le Forgeu, tranquille, était comme la figure du Massacre debout dans la nudité muette de la terre. Jusqu’à la joie des violiers, des lis jaunes, des églantiers sauvages qui enfleuraient les autres jardins était proscrite, pour ne pas faire ombre à la germination des comestibles, comme nuisible et vaine. Puis le sol n’avait pas trop